Naoki Urasawa

In Mangas by Librairie La BourseLeave a Comment

Sur les traces d’un artiste pluriel : portait de Naoki Urasawa
par le prisme des rééditions.

Acclamé par la critique en 2001 et 2005 avec le grand prix culturel Osamu Tezuka, Naoki Urasawa prouva encore une fois son statut de maître du suspens et ne fit que marquer plus profondément de son empreinte le vaste monde du manga.

Ces critiques favorables ne sont pourtant qu’un écho de l’engouement du public à chaque nouvelle parution ; exemples parlants : les séries Monster et 20th century boys qui se sont écoulées respectivement à 20 et 8 millions d’exemplaires.

Une question se pose alors… quelle peut bien être la recette du succès de cet artiste prolifique ?

La réponse ne peut que se trouver dans l’étude de l’artiste même et de ses œuvres.

Artiste, il l’est dans de multiples domaines : scénariste pointu et dessinateur précoce au trait particulier, musicien mais avant tout grand observateur de l’histoire et des mangakas qui l’ont précédés.

Monster, Pluto, Yawara !, 20th century boys ou encore Billy Bat sont donc empreints de ces traits particuliers.

Prenons Yawara ! : cette romance sportive ne connaitra une édition inédite en France qu’en 2020 alors qu’elle avait lancé la carrière d’Urasawa avec sa prépublication japonaise entre 1987 et 1993. S’inpirant de la version Deluxe, l’édition française (Kana, 20 volumes de grand format) sublime donc le dessin déjà confirmé du jeune mangaka et fait honneur à cette histoire attendue depuis déjà une trentaine d’années.

En 1993, c’est avec Happy ! que l’auteur dévoile une autre de ses facettes. Le sujet originel du tennis est parfois éludé durant des chapitres entiers et Urasawa lui préfère une plongée dans les bas fonds et dans des thèmes révélant une personnalité moins lisse. Une réédition sublimée en est encore faite par Panini en 2019 en France.

C’est donc progressivement que va émerger sa tendance au « manga-thriller ». En 1993 et 1999, le mangaka débute parallèlement deux œuvres majeures dans le genre.

D’abord Monster ; sous la forme d’une double traque sur fond d’Allemagne post-mur de Berlin, l’auteur soulève des questions intéressantes sur la médecine, l’eugénisme ou le trauma. La réédition Luxe en 2010 (Big Kana) rentre encore une fois en cohésion avec ce récit haletant. Elle permet d’ailleurs à l’auteur d’apporter des modifications pour en faire une œuvre mouvante et collant toujours au plus près de sa vision.

Puis 20th century Boys, la consécration en quelque sorte d’un parcours déjà notable. On y suit le personnage de Kenji, un rockeur refoulé à l’image de son auteur, qui se doit de traquer le gourou d’une secte reproduisant le scénario catastrophe qu’il avait imaginé avec ses amis étant petit. Des références tant au monde de la musique – avec un clin d’œil à T-Rex dès le titre – qu’à des évènements marquants du japon contemporain tels que les attaques terroristes perpétrées par la secte Aum. Une réédition Deluxe en 12 tomes avait déjà été produite en 2014, mais elle ne peut qu’être améliorée par la très récente réédition Perfect de 2020 avec des pages couleurs et des traductions revues.

Pluto n’est pas en reste. Cette série de 8 tomes qui se base sur une histoire imaginée par le « Dieu du manga » Tezuka (Le robot le plus fort du monde) adopte aussi cet axe thriller.

En 2008, Billy Bat offre encore une fois un exemple de manga-thriller avec cette fois-ci un penchant plus historique où, sur la base de questionnements sur le plagiat ou la propriété intellectuelle, nous nous retrouvons embarqués dans un enquête aux protagonistes bien réels.

Musique, Histoire, processus de création, thrillers haletants… C’est donc cette pluridisciplinarité, cette narration et ces personnages puissamment retranscrits par son dessin qui ont permis un succès de Naoki Urasawa depuis plus d’une trentaine d’années maintenant.

Les rééditions multiples dans des formats qui deviendront bientôt de collection ne sont que la preuve ultime de la fidélité des lecteurs et de l’engouement toujours plus grand pour l’univers du manga.

Matilda