J’ai relu Passion Simple d’Annie Ernaux à l’occasion de la sortie en salle de l’adaptation de Danielle Arbid. Je voulais avoir le texte en tête afin de mieux comparer les deux œuvres. Cette relecture m’a rappelé à quel point Annie Ernaux est capable de s’emparer d’un sujet banal, quotidien, presque « gnangnan » et d’en faire un récit bref, saisissant et unique.

Pas de mystère, le titre l’annonce clairement : il s’agit d’une histoire d’amour assez classique, qui ne se démarque pas d’une autre par le déroulé des actions. La narratrice raconte pourquoi depuis le mois de septembre elle n’a « plus rien fait d’autre qu’attendre un homme ».

Ce qui fait de ce texte une rareté dans le paysage littéraire, c’est sans doute l’écriture, le style d’Annie Ernaux. Tout sentimentalisme est écarté alors même qu’il s’agit du récit d’une femme captive de la relation qu’elle vit avec un homme. Elle parvient à décrire l’attente entre les entrevues des deux personnages. La passion n’est pas idéalisée, elle est même parfois décrite assez froidement. Le terme qui conviendrait le mieux pour décrire le style d’Ernaux dans ce récit serait « plat ». Le sexe, au cœur de cette passion, n’échappe pas à la description clinique qui fait la singularité de l’autrice. Dès les premières lignes, le lecteur est prévenu : il y aura du sexe, mais celui-ci ne sera pas embelli.

Le film semble s’écarter des particularités du récit d’Ernaux, l’histoire est davantage empreinte de romantisme. Mais si vous avez une petite heure devant vous, puisque le texte n’excède pas les 80 pages, et que vous souhaitez découvrir cette écrivaine à travers ses propres lignes, Passion simple (le livre) est une bonne entrée en matière.

Alison