Connaissez-vous Moondog, le viking aveugle de la sixième avenue? Billy Childish, le Sherlock Holmes du rock garage? Ou encore Lee Perry, le Salvador Dali jamaïcain? Avez-vous entendu parler de Bernard Vitet, musicien de jazz ayant accompagné Serge Gainsbourg et Barbara, et qui décida en 1968 de planter Claude François pour se consacrer à la musique expérimentale de son groupe nommé Un Drame Musical Instantané (ou Le Drame pour les initiés)?
Bienvenue dans l’univers d’Underground: une BD présentant, en 50 récits autobiographiques, des hommes et des femmes souvent inconnus du grand public mais ayant chacun à leur façon bouleversé l’histoire de la Musique. A l’instar de l’album Velvet Undergrond & Nico, bide retentissant à son époque mais dont « chacun de ceux qui ont acheté une copie a fondé un groupe ! » (dixit Brian Eno en 1982).
Au delà de cet iconique exemple, Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog nous entrainent dans le sillage de dizaines d’artistes iconoclastes et fascinants, évoluant aux frontières du rock et de ses dérivés. Parmi eux, le génie sensible et maniaco-dépressif Daniel Johnston, la reine péruvienne de l’exotica Yma Sumac, les chineurs classieux de The Cramps, la légendaire Patti Smith et tant d’autres maestros méconnus, géniteurs de chefs-d’œuvre sous-écoutés. Lorgnant souvent vers l’inconnu, l’étrange ou le bizarre, ils font tous l’objet d’un culte dépassant les limites de ce que l’on pourrait qualifier de « raisonnable ».
Avec sa subjectivité fièrement assumée, ses dessins noir et blanc sobres et élégants, Underground nous ouvre les portes d’incroyables univers personnels et sonores grâce à ses anecdotes insolites et son sens du récit.
Une véritable bible de la musique indépendante qui séduira les érudits comme les curieux, et que nous recommandons donc chaudement.