Chef d’œuvre que l’on doit aux illustres Asao Takamori et Tetsuya Chiba, Ashita no Joe (あしたのジョー ), également connu à l’internationale sous les noms de Tomorrow’s Joe, Rocky Joe ou tout simplement Joe, naquit le premier jour de l’année 1968 dans les pages du Weekly Shonen Magazine, célèbre hebdomadaire de l’éditeur Kôdansha. La série s’achève cinq ans et demi plus tard, en mai 1973, en s’étant entre-temps inscrite au panthéon des plus grandes œuvres du neuvième art du Japon, si ce n’est du Monde entier.
Les chapitres du manga ont été regroupés dans une première édition dans un support similaire à celui du magazine (juin 68 – juin 73, 23 volumes), mais sa première véritable sérialisation en tankobon (volumes reliés) compte vingt tomes, publiés de mars 1970 à juin 1973. Par la suite, Ashita no Joe connut moult rééditions, dont une version à l’identique de la première en 1993, une Bunko en 2000 (12 volumes), une Deluxe en 2003 (8 volumes), une version Anniversaire en 2009 comprenant des figurines des héros de la série, et bien d’autres. Au fil des versions, Tetsuya Chiba a même retravaillé certaines planches pour améliorer leur impact visuel.
Si l’on excepte un passage anecdotique de sa version animée sur La Cinq à la fin des années 1980, Ashita no Joe ne sera arrivé que très tardivement en France. Il aura en effet fallu attendre juillet 2009 pour que Glénat annonce officiellement l’acquisition de la série, sur la base de l’édition Kôdansha Platinium Comics en treize volumes (août 2006 – février 2007). Et c’est en janvier 2010, soit 42 ans après ses débuts japonais, que les aventures de Joe commencent à être publiées sur le sol français, via le label Vintage de l’éditeur grenoblois. Hélas, malgré son rayonnement international, la série peine à trouver son public et les ventes ne décollent pas. Malgré ce constat, Glénat a réussi à publier chaque volume de près de 400 pages à un rythme oscillant entre le bimestriel et le trimestriel. Le treizième et dernier opus de la saga parut ainsi en juillet 2012. Avant cela, la série fit une apparition remarquée dans les sélections du festival d’Angoulême 2011 et du prix Zoom Japon décerné par le magazine du même nom. En juillet 2012, il crée la surprise aux Japan Expo Awards en remportant le prix du meilleur seinen (bien qu’on puisse hésiter quant à la pertinence de cette catégorisation, mais nous y reviendrons), dans une cérémonie où les votes du public comptaient autant que les voix du jury. Un espoir de voir enfin la série éclore dans l’Hexagone ?