Parmi les milliers d’images qui nous submergent chaque jour certaines restent discrètement en tête. Elles apparaissent au grand jour ou se fondent dans la masse, en liserai des innombrables hommages que rend la culture populaire à la peinture. Celle de René Magritte ne fait pas exception; on se rappelle par exemple de l’affiche à l’atmosphère si étrange du film culte l’Exorciste (1973). Cette dernière n’est autre qu’une citation du tableau intitulé Le jour et la nuit. Peinture énigmatique qui aujourd’hui encore interroge sur la possibilité d’une maison plongée dans un noir nocturnal alors qu’au dessus d’elle trône un ciel bleu.

En plongeant un peu plus dans l’œuvre de l’artiste, nous nous rendons compte que tous ses tableaux appellent à l’énigme, au rébus. A la recherche d’indices sur des significations possibles nous faisons d’abord l’erreur de nous raccrocher aux titres des tableaux. Or ce n’est qu’un cul-de-sac, Magritte lui-même disait que « les titres des tableaux ne sont pas des explications et les tableaux ne sont pas des explications des titres ». Comment alors aborder cette œuvre qui à première vue semble si opaque?

Peut-être en se penchant de plus près sur le peintre lui-même. René Magritte est belge. Né à l’aube du 20ème siècle, il subit comme tant d’autres la violence inouïe et l’absurdité de la Première Guerre Mondiale. Après cela il rejoint le rang des avants gardes et se lie avec les surréalistes. Mais contrairement à ses comparses, parmi lesquelles Salvador Dali et André Breton, Magritte ne s’intéresse pas à la psychanalyse pour conjurer les traumatismes de ce début de siècle. Lui est attiré par le symbole, le mythe, la poésie. Voilà qui nous éclaire déjà un petit peu plus.

Le peintre est facétieux, il aime l’humour et interroge le spectateur sur son rapport au réel. Il appelle à se méfier des images, peint des objets du quotidien qui une fois immortalisés sur la toile mettent notre perception en déroute. Ce que nous voyons est-il toujours l’objet que nous connaissons? L’image représentée ne se transforme t-il pas en tout autre chose?

Le travail de Magritte ne cesse de faire réagir, toujours à mi-chemin entre la farce et la figure poétique. Cette pluralité de lecture laisse libre cours, comme il était noté plus haut, à une réinterprétation, à une réappropriation par la culture populaire de cette iconographie si étrange. On ne manquera pas de déceler l’esprit malicieux du peintre au travers de ses nombreuses œuvres phares du 20ème siècle mais aussi par les très nombreux hommages qui lui sont aujourd’hui adressés.

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